Les visages des RP danses - Genève

Les visages des RP danses - Genève

UN VISAGE PLURIEL


L'association des RP danses – Genève, constituée en mai 2008, compte 3 collaboratrices fixes (1,2 pt au total), 5 membres du comité et 126 membres professionnel·le·x·s représenté·e·x·s: interprètes en danse, porteur·euse·x·s de projets, chorégraphes, chargé·e·x·s de production-diffusion, administrateur·ice·x·s, enseigant·e·x·s, etc. 
Dans le cadre de nos 15 ans (anniversaire fêté le 15 mai 2023), découvrez ci-dessous et au fil des mois quelques-uns des visages* qui composent le bureau, le comité, ou encore les membres et partenaires de l'association. Bonne lecture !
(Juin 2024)

Fabio Bergamaschi (interprète et chargé de médiation), Caroline de cornière (interprète & chorégraphe, membre comité), Elsa Couvreur (chorégraphe), Cédric Gagneur (chorégraphe, interprète et enseignant), Edouard Hue (chorégraphe, membre comité), Margaux Monetti (interprète et médiatrice culturelle, membre asso), Tilouna Morel (interprète, membre asso), Marcela San Pedro (interprète, chorégraphe et chargée de médiation), Marie-Elodie Greco (collaboratrice au bureau de l'asso, danseuse, enseignante et chorégraphe), Barbara Yvelin (membre bureau, Secrétaire générale), et d'autres pros à venir !


RENCONTRE #7 AVEC…
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Fabienne ABRAMOVICH (F.A.) & Nathalie TACCHELLA (N.T.)

Propos recueillis et mis en forme par Noelia Tajes, collaboratrice administrative au bureau des RP Danses - Genève.


Danseuse, chorégraphe et jeune cinéaste à vie, Fabienne Abramovich est fidèle et profondément ancrée au service des professionnel·le·s de la culture depuis des années. Ceci implique un engagement au-delà de son travail artistique qui lui tient également à cœur de poursuivre.


Chorégraphe, Nathalie Tacchella est co-fondatrice de la compagnie de l'estuaire et du Théâtre le Galpon. Elle ancre son travail à Genève et développe des liens artistiques et culturels de proximité dans une perspective de durabilité. Les processus de recherche et de création de la compagnie se fondent sur des modes de collaboration ouverts, exigeants et respectueux des singularités des un·e·s et des autres.

 

RP Danses – Genève

Il y a 15 ans maintenant, tu as décidé de participer à la création d’une association métier, les Rencontres Professionnelles de danses - Genève. Quelles étaient tes motivations ? Et dans quel état d’esprit étais-tu lors de cette initiative ?

F. A. Nous étions Foofwa d’Imobilité et moi-même dans le Comité de l’Association pour la danse contemporaine. C’est dans ce cadre que cette activité s’est portée. Il s’agissait de fédérer les professionnel·le·s en initiant des rencontres. Je peux témoigner qu’à ce moment-là, le développement de la danse contemporaine est entré dans une nouvelle ère. En effet, suite à la défaite du projet Maison de la danse à Lancy en 2006, les professionnel·le·s de la danse ont ressenti la nécessité d’échanger entre-iels indépendamment des lieux et instances de programmation ou de subventionnement. Ce fût un moment délicat, bouleversant et combien nécessaire. Aujourd’hui, les RP Danses - Genève font partie de la Fédération du réseau artistique et culturelle de Genève. Association qui fédère plusieurs organisations professionnelles de tous domaines artistiques et de pratiques différentes. C’est formidable d’avancer ensemble.

N.T. Au niveau national, le Projet Danse (2006) posait les bases d'un encouragement global de la danse en Suisse. Au niveau genevois, les forums du Raac avaient réuni artistes de toutes disciplines, représentant·e·s politiques et des différents services culturels pour tenter de nouer un dialogue interdisciplinaire avec les pouvoirs publics (on ne parlait pas alors de partenaires). Dans le domaine de la danse, il était question d'organiser et formaliser la professionnalisation. Quand on a fondé les RP Danses – Genève, c'était à la fois pour contribuer à la réflexion sur la mise en place de la formation, mais aussi pour défendre la pluralité des modes de travail. Ayant participé à plusieurs groupes de travail du Projet Danse, je voyais l'intérêt de renforcer les moyens financiers, législatifs et structurels alloués à la danse, mais aussi les risques de figer les choses, de nous mettre dans des cases et de laisser sur le carreau tout ce qui n'est pas prévu par les règlements. Je voulais contribuer à ce que les singularités puissent continuer de fleurir.

 

RP Danses – Genève

Quels sont selon toi les points forts des RP danses – Genève ?

F. A. Je pense que d’avoir pris la décision de prendre en main son destin, de se fédérer est un geste fort et significatif. Puis, de poursuivre les collaborations avec l’ADC (Association pour la Danse Contemporaine Genève) est une preuve de maturité à saluer. Le travail en général des RP Danses – Genève et leur investissement au niveau de la politique culturelle à Genève sont indispensables, permettent un équilibre grâce à de nombreux échanges notamment avec d’autres disciplines artistiques.

N.T. Son existence ! Une structure ressource pour les professionnel·le·s. Les RP Danses – Genève ont renforcé leur place en tant qu'interlocuteur métier. Une grande responsabilité assumée par l'association.

 

RP Danses – Genève

Selon toi, est-ce que les raisons d’être de l’association et les besoins ont évolué ? Dans quel sens ?

F. A. Tous les domaines artistiques ont besoin de se regrouper selon leur spécificité et domaine d’activité afin d’aborder les besoins professionnels qui les concernent directement. En danse, la formation et la continuité du travail physique sont essentiels. Les carrières sont souvent courtes et la réponse doit être immédiate et forte. En ce sens, les RP Danses – Genève, ont fait également preuve de responsabilité.

N.T. Depuis la fondation de l'association, oui, la réalité professionnelle a évolué. Ce qui n'a pas changé, c'est la difficulté de vivre financièrement de nos métiers. Ce qui empire, ce sont les besoins d'administration, de moyens de production de plus en plus pointus et auxquels il est difficile de répondre si l'on est débutant ou si l'on n'a pas de forces de travail en soutien pour ce domaine. La notion de "carrière" est toujours très présente et là aussi, les RP Danses – Genève peuvent contribuer à envisager nos pratiques quelles que soient leurs singularités.

 

RP Danses – Genève

Quels sont les enjeux à défendre et les défis majeurs à relever par l’association aujourd’hui ?

F. A. Comme toujours, l’art s’inscrit dans une vision et une politique culturelle, en ce sens les défis vont être nombreux, en termes de moyens financiers, d’informations concernant les conditions salariales et sociales, puis évidemment un encadrement qui permet la sécurité des corps au sens le plus large possible.

N.T. Veiller à la mise en œuvre de la loi sur la culture dans le domaine de la danse et collaborer avec les autres disciplines. Être une sentinelle qui inlassablement relaie les évolutions de nos pratiques auprès des partenaires publics et en particulier défende les besoins de temps, d'espaces et de moyens financiers pour créer.

 

RP Danses – Genève

Un combat dans lequel tu t’investis ou tu t’es investie au sein de l’association ?

F. A. Je poursuis le travail d’information et de sensibilisation quant à la précarité des artistes de tout domaine artistique. 

N.T. Faire des liens entre les pratiques, ne pas sectoriser ou hiérarchiser, recherche, création, formation et médiation, mais au contraire valoriser la porosité nourrissante de ces domaines. Défendre l'autonomie et l'autodétermination des professionnels.

 

RP Danses – Genève

Un mot de fin ou une expérience particulière à partager ?

F. A. Tant que nous sommes vivant·e·s, nous pouvons danser, regarder et aimer la danse.

N.T. Penser et vivre en rhizomes est une belle façon d'être et de danser au quotidien. De ces mouvements naissent des réseaux que l'on peut peut-être projeter, mais que l'on ne connaît pas vraiment.


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RENCONTRE #6 AVEC…



Mena AVOLIO (M.A) & Marie-Elodie GRECO (M-E.G.)
Propos recueillis par Anaïs Glérant et mis en forme par Noelia Tajes, collaboratrice administrative au bureau des RP Danses - Genève.

Originaire d’Italie et membre de l’association dès ses débuts, Mena Avolio est chorégraphe de la Cie Ôbains et professeure de danse. Elle a travaillé avec différentes compagnies à Genève, en Europe et au Canada. La danse a été une échappatoire au silence et à l'ennui qui lui a permis de traverser son épreuve d’émigration en Suisse à l'âge de 9 ans, où elle a dû se cacher avec sa sœur et son frère en attendant d'obtenir une régularisation...

Danseuse interprète, chorégraphe et professeure de danse contemporaine et de tango argentin, Marie-Elodie Greco s’est formée au CNSMD de Lyon en 2009 et y a passé son diplôme d’Etat de professeur de danse contemporaine, en 2015. En parallèle de sa carrière, elle organise les formations continues au sein des RP danses – Genève, les auditions d’entrée du dispositif sport-art-études (SAE), ainsi que les examens pour le CFC de danseur·euse contemporain·e·s.

 

RP danses – Genève Pour la 3ème année, notre association organise les auditions d’entrée et de maintien dans le dispositif* Sport-Art-Etudes du Service écoles et sport, art, citoyenneté (SESAC) du Département de l’Instruction Publique (DIP). Elles ont lieu les 2, 3 et 9 mars et impliquent 65 candidat·e·s âgé·e·s de 10 à 19 ans. Peux-tu nous en parler ?

M-E.G. C’est un dispositif qui permet aux jeunes talents de concilier formation et pratique artistique de haut niveau. Malgré le contexte de l’audition qui implique un stress important pour les candidat·e·s, c’est une chance d’être témoin de leur évolution, pour certain·e·s depuis 3 ans. Ce sont des années d’investissement qui impliquent l’enfant, ses professeur·e·s de danse mais aussi toute sa famille. La possibilité de bénéficier d’horaires adaptés est une vraie opportunité qui allège leur quotidien. Dans mon rôle, j’essaie d’apporter une vision professionnelle du métier et de questionner le contenu des auditions pour qu’il s’adapte à la réalité du terrain. Ce qui est attendu d’un·e danseur·eus·e évolue et les auditions doivent s’y adapter. Nous travaillons en collaboration avec les écoles impliquées pour penser ces changements ensemble.  

 

RP Danses – Genève Depuis combien de temps exerces-tu le métier d’enseignante et comment y es-tu arrivée ?

M.A. Lorsque les opportunités de danseuse professionnelle ne se présentent pas, l'enseignement peut être une façon de rester dans le métier. Mais au fil des années, l’enseignement est devenu aussi une passion et une belle reconnaissance auprès des danseur·euse·s amateur·ice·s ou professionnel·le·s. Avec plus de 20 ans d'expérience dans l'enseignement de la danse, j’ai acquis et développé des compétences pédagogiques solides. Aujourd’hui je me sens vraiment légitime dans mon rôle d’enseignante et de chorégraphe.
M-E.G. J’ai commencé à enseigner le tango argentin et la danse contemporaine aux enfants dès ma sortie de conservatoire en 2009. Au début, sans expérience préalable d’enseignement, c’était assez stressant. J’ai testé des choses, échangé avec d’autres personnes qui enseignaient … Assez rapidement, une compagnie avec laquelle je travaillais m’a proposé de donner beaucoup d’ateliers de Danse à l’Ecole. Cela a été très formateur d’enseigner avec le double objectif que l’expérience des classes soit enrichissante et d’obtenir un spectacle en une douzaine de séances. C’est un format que j’aime beaucoup, notamment car il permet un accès démocratique à la danse, les enfants découvrent des métiers de spectacle et surtout se découvrent et se dépassent dans un projet collectif.

 

RP Danses – Genève Pour quelle(s) raison(s) as-tu choisi de devenir membre des RP Danses - Genève ?

M.A. Parce que l'existence d'une association est indispensable. Elle représente un soutien précieux à la fois pour la reconnaissance de notre profession et pour son évolution. Une association professionnelle peut jouer plusieurs rôles importants. Tout d'abord, elle peut œuvrer pour la promotion de la danse en tant que métier à part entière, en sensibilisant le public et les autorités aux spécificités et aux enjeux de notre domaine. Elle peut également s'engager dans des actions de plaidoyer afin d'obtenir une meilleure reconnaissance légale et institutionnelle de notre profession, ce qui peut conduire à une amélioration des conditions de travail, des droits et des protections sociales pour les danseur·euse·s et les professeur·e·s de danse.

En outre, une association peut offrir un espace de partage, de soutien et d'échange entre les professionnels de la danse, favorisant ainsi la solidarité et la collaboration. Elle peut organiser des formations, des événements, des rencontres et des réseaux qui permettent aux membres de se développer professionnellement et de rester informés des dernières évolutions.

Une association professionnelle dédiée à la danse est un pilier essentiel pour défendre nos intérêts communs, faire valoir notre métier et contribuer à son évolution positive.

M-E.G. J’ai découvert l’association par le biais des formations continues. A mon arrivée en Suisse, je cherchais à poursuivre mon entrainement et rencontrer des personnes. Je ne voyais pas passer d’avis d’audition pour essayer de développer mon réseau, les formations étaient une bonne opportunité. J’ai découvert dans un deuxième temps tout le travail qui était fait pour améliorer les conditions de travail des danseurs·euse·s, la reconnaissance du métier. Chaque personne qui est passée par l’association a donné de son temps et de son énergie pour faire avancer les choses. Cela m’a semblé important de soutenir l’association en devenant membre. Je l’ai ensuite rejointe en tant que membre du comité pour participer à l’interne sur certains dossiers. Les questions liées à la formation m’ayant toujours intéressée, j’ai pris de plus en plus part à ces questions pour finir par quitter le comité et travailler au sein du bureau.


RP Danses – Genève Rencontres-tu des problématiques inhérentes à ta profession ainsi qu’au milieu pro dans lequel tu évolues ? Et selon toi, est-ce que ces problématiques évoluent avec le temps ?
M.A. Oui, c'est incroyable mais vrai, de nos jours, il faut encore se battre pour obtenir un contrat de travail dans les règles, sans parler des assurances, du salaire, de l'absence de perte de revenus et même de la perspective d'une retraite à 65 ans qui peut être très difficile physiquement pour un danseur ou un professeur, par exemple. Malheureusement, tous ces domaines n'évoluent pas vraiment. La chose positive est qu'aujourd'hui, certaines formations supérieures abordent tous ces aspects du métier et les jeunes danseurs, contrairement à ma génération, deviennent plus attentifs à ces questions. Cependant, il est regrettable que cela ne se produise pas dans toutes les formations.
M-E.G. Je dirais que mes problématiques sont surtout liées à la conciliation de l’ensemble de mes activités. Elles ont des rythmes et des temporalités différentes avec lesquelles il est parfois difficile de jongler. C’est une situation qui me semble assez commune parmi mes collègues. Notre milieu manquant de ressources pour fournir du travail correctement rémunéré à tous·tes, nous sommes nombreux·euse·s à cumuler plusieurs postes sans pour autant parvenir à une sécurité financière à la hauteur de l’investissement. J’ai été longtemps frustrée de sentir que parfois je ne peux pas être disponible à 100% dans une situation car j’ai d’autres projets en cours qui demandent de l’attention. Au fil du temps, je me suis rendue compte que c’était une chance d’avoir une vue globale sur la profession. Ne pas dépendre uniquement du fait d’être embauchée par une compagnie, ou d’obtenir des fonds pour un projet, ou que mes élèves soient suffisamment nombreux·euses m’apporte de l’autonomie. 

Je trouve que c’est un message important à transmettre aux jeunes danseur·euse·s, nous avons un ensemble de compétences développées au fil de notre parcours et elles peuvent être réinvesties dans différentes situations. 

 

RP Danses – Genève Qu’est-ce que tu aimes particulièrement dans ton métier ?

M.A.Comme je l’ai dit au début, pour moi la danse a été un moyen de communication salvateur. En arrivant dans un pays que je ne connaissais pas, où tout m’était étranger, j’ai pu laisser libre cours à mon imagination et m’exprimer à travers le mouvement, d’ailleurs encore aujourd’hui, il m’est plus facile de danser que de m’exprimer verbalement. Il y a aussi le partage avec les élèves, la transmission, qu’ils soient professionnels ou pas, m’apportent un équilibre dans ma vie professionnelle. La création est aussi un élément indissociable, elle me permet d’évoluer, de rester dans le mouvement et d’expérimenter toutes les émotions. On ne peut pas tricher avec la danse, et si cela arrive, souvent on se blesse. Comme les musicien·ne·s, les danseur·euse·s sont dans un monde à part. La danse n’est pas palpable tout comme la musique. Ce sont des sensations, des émotions, des voyages à travers nous-mêmes, avec les gens, avec le public. La danse est une leçon vie.
M-E G. Sa diversité et la richesse des rencontres que j’y fais. Chaque personne a une manière personnelle de vivre son rapport à la danse, son point de vue artistique, pédagogique … Chaque rencontre me nourrit et s’infiltre dans une de mes autres pratiques. J’aime beaucoup vivre cette porosité entre les choses, les mettre en lien malgré leur apparente différence. Je côtoie des enfants de 2 ans comme des personnes de plus de 80 ans dans mes cours, c’est très riche de chercher à comprendre ce qui est important pour chacun·e, ce qui va les toucher, les émouvoir et les mettre en mouvement.

 

RP Danses – Genève Quels types de public as-tu dans tes cours ? Combien d’heures par semaine enseignes-tu ?

M.A. Des adultes de tous âges, de 18 à 70 ans, assistent à mes cours. Cette différence de génération est une source constante d’apprentissage et d’inspiration, ce qui fait partie de la beauté de mon métier. J'enseigne environ 11 cours par semaine, ce qui représente environ 20 heures de cours effectifs, sans compter les heures de préparation qui s'élèvent à environ 8 heures par semaine. À côté, il y a les répétitions pour les spectacles qui sont difficilement comptables… Pendant 10 ans, j'ai enseigné aussi aux enfants dès l'âge de 8 ans, mais avec le temps, je me suis finalement sentie plus à l'aise avec les adultes.

M-E G. Cela a beaucoup varié selon les années, j’ai une longue expérience avec les enfants en danse contemporaine, notamment avec les projets de Danse à l’Ecole que je développe maintenant avec Natacha Garcin et la compagnie En Cie d’Eux et un poste dans la garderie-école L’écoline qui est inspirée par l’approche Reggio Emilio. L’art y est inclus dans le cursus scolaire. Cette année, j’ai arrêté les cours adultes en danse contemporaine pour dédier plus de temps pour mon propre travail créatif, je continue à enseigner le tango argentin et donc à être en contact avec un public amateur adulte.


RP Danses – Genève Un mot de la fin (une expérience à partager…)

M.A. Deux ans après mon arrivée en Suisse, je dansais tellement à la maison que ma mère m’a amenée dans une école de danse classique juste en face de chez moi. J'avais 11 ans. Le professeur, en me regardant, m'a dit que j'étais trop grosse et trop vieille. Je suis sortie en pleurs et je n'ai pas voulu aller dans une autre école. Pendant longtemps, j'allais regarder les cours derrière les fenêtres. Avec le temps, ma passion a pris le dessus sur la déception et ma sœur m’a amené dans une autre école de danse. Plus tard, j'ai recroisé ce professeur, mais il ne se souvenait pas de moi, alors que moi, je me souvenais de lui. Depuis cet incident, j'essaie de rester fidèle à une note importante dans ma vie : « Ne fais jamais aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse ».


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RENCONTRE #5 AVEC…





Cédric Gagneur (C.G.) et Elsa Couvreur (E.C.)

Propos recueillis & mis en forme par Anaïs Glérant, Barbara Yvelin & Marie-Elodie Greco, bureau des RP danses - Genève

Elsa Couvreur, membre de l’association dès ses débuts de carrière de performeuse en 2011, est co-directrice de l’association Woman’s Move depuis 2012 (direction partagée avec Iona D’Annunzio). Elle réalise différents projets qui mêlent danse et théâtre (solos, duos ou pièces de groupe). Originaire de Belgique, après avoir étudié 3 ans à l’Ecole du Ballet Royal d’Anvers, elle est venue à Genève poursuivre sa formation au Ballet Junior et n’est plus jamais repartie. Cédric Gagneur, membre depuis 2013, est un danseur issu de la culture Hip Hop et plus particulièrement du breakdance, Il s’est formé au Ballet Junior (Genève) puis à La Manufacture (Lausanne). Il est interprète depuis 2013 et chorégraphe de la compagnie Synergie depuis 2017.


RP Danses – Genève Pour quelle(s) raison(s) as-tu choisi, à l'époque, de devenir membre des RP Danses-Genève ? Pour quelles raisons l'es-tu toujours ? Comment cette association t'accompagne-t-elle au quotidien ? Quels sont ses points forts selon toi ?

E.C. Lorsque j’ai commencé à être porteuse de projets, j’ai dû développer de nombreuses compétences pour lesquelles je n’avais pas été formée. L’association propose des ressources sur l’administration et la diffusion notamment. L’échange que les RP Danses permettent entre les professionnel·le·s de la danse dans la région genevoise m’est vraiment précieux.

C.G. Pour plusieurs raisons : bénéficier de l’aide administrative et des ressources, comprendre un peu mieux la scène de la danse genevoise et avoir accès aux stages au tarif membre. Je suis toujours membre car je pense que le travail de l’association est toujours très utile et important pour la scène de la danse en général.


RP Danses – Genève Rencontres-tu des difficultés particulières dans ton domaine ? Et selon toi, est-ce qu’elles évoluent avec le temps ? Quelles sont tes préoccupations actuelles en tant qu’interprète, chorégraphe … ?

C.G. J’ai surtout des préoccupations en tant que chorégraphe, sur la diffusion et la simplicité dans la production. J’essaie de faire des pièces qui peuvent être intéressantes et qualitatives, au processus de production léger et de faible coût, qu’elles soient techniquement simples et avec une grande adaptabilité pour la diffusion. Je fais dialoguer pragmatisme et artistique sans m’empêcher de rêver : j’essaie de rêver les pieds sur terre et surtout les pieds dans le marché actuel.

E.C. Mon questionnement se porte sur le fait de gérer un groupe. En tant que chorégraphe, nous ne sommes pas du tout formé·e·s au management. C’est un des sujets dont on parle de plus en plus, notamment via les questions de harcèlement au travail. Les RP danses-Genève s’engagent sur ces questions-là, favorisent la prise de parole et l’échange. Je ne peux que m’en réjouir et espérer qu’on continue sur cette voie.


RP Danses – Genève Qu’est-ce que tu aimes particulièrement dans ton métier ?

E.C. Le partage avec le public. C’est vraiment jouissif pour moi de voir que les délires que je me tape toute seule dans ma tête touchent les gens et peuvent les faire rire ou s’émouvoir. Rien ne vaut la magie du partage avec le public. C’est également pour cette raison que j’essaie de tourner un maximum les pièces que je crée.
C.G. J’aime la diversité des performances, la liberté et la responsabilité dans la gestion de mon planning. J’aime rencontrer des artistes et partager avec eux, même si ce n’est souvent que sur des courtes périodes, ainsi que développer des relations avec d’autres humains-artistes à long terme. 


RP Danses – Genève Que fais-tu actuellement ?

C.G. Je travaille sur ma nouvelle pièce, Entrelacés, un duo de breakdance avec Ernesto Marquez et le guitariste Bruno Dias, présenté du 28 février au 2 mars 2024 au Théâtre de l’Etincelle et sélectionné en tant que projet national pour la Fête de la Danse 2024. Je suis en train de créer une scénographie pour une nouvelle création intitulée Faces avec Evita Pitara et je suis également interprète pour la Cie Champloo / spectacle NALC, la Cie Bollwerk / spectacle #knochen, la Cie Mûes / specatcle Deseos. J’enseigne depuis cette année l’improvisation et la composition au CFC danse contemporaine à Genève et j’interviens dans des cycles en lien avec la saison et la médiation du Théâtre Am Stram Gram.

E.C. J’ai récemment représenté mon solo The Sensemaker pour la 100ème fois à Reykjavik en juin dernier (!) et plus récemment au Tanzfestival Winterthur et à Schauwerk Schaffhausen en novembre. Ma dernière pièce de groupe, PATIENCE, une pièce de danse-théâtre sur l’addiction à internet, a vu ses premières au Théâtre de l’Etincelle à Genève en octobre dernier. Prochainement, je pars à Zurich pour remonter ma pièce « Let’s Start Again » pour les élèves de l’école professionnelle Tanzwerk101.


Suivez leurs actualités sur leurs sites internet, Cie Synergie et Woman’s Move



 

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RENCONTRE #4 AVEC...


Fabio Bergamashi (F.B.) & Marcela San Pedro (M.S.P.),
membres de l'association depuis les débuts de l'association en 2018.
Propos recueillis & mis en forme par Anaïs Glérant & Barbara Yvelin, bureau des RP danses - Genève

Fabio Bergamashi est venu à la danse contemporaine à ses 18 ans, dans le but de trouver un espace de liberté et exprimer sa singularité. Il s’est formé en Italie, avant de d’émigrer en Suisse, afin de développer plus profondément sa recherche sur la danse contemporaine. Danseur-interprète depuis vingt-cinq ans, il est actuellement impliqué dans des divers projets en Suisse et à l’étranger. En 2015, il a obtenu à Lausanne un CAS en médiationculturelle. Maman de deux grands garçons, Marcela San Pedro est née au Chili. Elle s’est principalement formée à la Folkwanghochschule - Essen, avant de s’installer à Genève en 1995 où elle a été interprète pour différents chorégraphes et metteur.e.s. en scène suisse romands et étrangers, dont notamment Noémi Lapzeson, pendant près de vingt ans. En parallèle, elle crée des spectacles avec sa propre structure, Le Ciel Productions, depuis 1999. Avec le soutien de Danse Transition, elle a récemment obtenu un bachelor en psychologie à l’UNIL et effectue actuellement un master en psychomotricité à la HETS. Fabio & Marcela sont membres des RP danses – Genève depuis les débuts de l’association en 2008.


RP Danses – Genève En tant qu’interprètes expérimentés, quand et comment avez-vous pris conscience que continuer comme avant devenait difficile ?
F.B.
Je constate une tendance à me tester pour savoir si je suis encore capable et le manque de confiance qu’on m’accorde parfois est difficile. A partir d’un certain âge, on est considéré comme dépassé ou moins capable d’être performant ou novateur. Ça découle d’un système qui valorise la jeunesse au détriment de l’expérience.
M.S.P. Après trente ans de danse, je crois avoir gagné en expérience et en savoir-faire, mais au niveau physique, le corps ne suit plus. Je rencontre entre autres des problèmes d’articulations. D’autre part, psychologiquement, tenir ce rythme de vie – horaires tardifs et irréguliers, précarité financière, instabilité – génère à mon avis une forme de fragilité chronique globale.

RP Danses – Genève En somme, des modes de travail précaires et non adaptés aux rythmes des âges ainsi qu’un manque global de reconnaissance mettent à mal la résilience sur le long terme ?
M.S.P
Le décès de Noémie Lapzseson a été un événement marquant pour moi. Ça m’a montré ce que cette vie d’artiste chorégraphique peut faire à quelqu’un, lorsque tu as tout donné et qu’au bout du compte il ne te reste que très peu.
F.B. Les salaires sont la plupart du temps transversaux, mais ne s’adaptent pas forcement au niveau d’expérience et des compétences acquises. Le seul moyen d’évoluer financièrement est alors de cumuler les tâches et les empois. Plus on avance dans l’âge, plus on est obligé de travailler pour plusieurs employeur·euse·s par mois, afin de pouvoir trouver une stabilité financière minimale, ce qui amène à ce que j’appelle une certaine « schizophrénie » du danseur·euse. Situation pas forcément adaptée aux énergies et aux rythmes des interprètes plus matures, notamment au temps de récupération nécessairement plus long et à une fragilité physique plus accentuée par l’usure du corps.
M.S.P. Ce sont déjà toutes les contraintes sur lesquelles les RP danses - Genève travaillent telles que les bas salaires, la précarité des contrats. Avec le temps et l’âge, ces contraintes deviennent de plus en plus difficiles à vivre. La précarité du système engendre, dans la durée, une violence psychologique car c’est une manière de te dire que tu n’es pas très important alors que tu travailles de façon compétente et acharnée depuis plus de vingt ans.

RP Danses – Genève Se reconnecter à soi et ses valeurs, trouver du sens, valoriser ses compétences tout en continuant à les développer… Quel a été l’événement déclic pour vous ?
F.B. Je me rappelle d’une pièce de Merce Cunningham, où lui-même dansait sur scène, dans la période où il était déjà atteint d’une grave arthrose déformante. Il dansait dynamiquement, attaché à une barre de danse en guise de béquille. Il dansait sa vérité la plus forte, la plus émouvante et extraordinaire. Un exemple qui m’a donné la motivation de faire ce que je fais. Je trouvais très juste de valoriser cette singularité sans jugement. Je cherchais un endroit où je pouvais exister sans avoir à me justifier et c’est dans la danse contemporaine qui privilège l’improvisation que j’ai pu le faire. Cette expérience a changé mon regard sur la vie. Pour moi, la médiation en danse parle de ça. Monter des projets artistiques qui aident le public à faire une expérience émotionnelle et esthétique et à voir autrement le monde. C’est une manière de transmettre ma passion et de pousser plus loin mes compétences acquises au travers du métier d’interprète.
M.S.P. C’est en travaillant auprès de l’association dansehabile que j’ai redécouvert l’intérêt de la notion de soin. Grâce au travail avec ces membres, je me suis dit qu’il serait intéressant et utile de repenser et d’orienter ce que j’avais appris au travers de ma pratique dans une perspective thérapeutique. Je me suis alors tournée vers la psychomotricité. A posteriori, si je pense d’où je viens, avec des parents médecins, cette direction semble être en cohérence avec mon milieu d’origine. Il me semble aujourd’hui évident de tenter de construire une passerelle entre la danse, le mouvement et le soin. Sans abandonner totalement la création, mon espoir c’est d’être quelqu’un qui a dans sa valise des outils pour aider les autres. C’est ça qui me motive et qui fait sens pour moi aujourd’hui.

Octobre 2023

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RENCONTRE #3 AVEC...


    

Margaux Monetti (M.M.) & Tilouna Morel (T.M.),
membres de l'association depuis respectivement 2010 et 2022.
Propos recueillis par Anaïs Glérant & Mis en forme par Barbara Yvelin, bureau des RP danses - Genève

Tilouna Morel est interprète. Elle a obtenu un CFC en danse, orientation contemporaine à Genève (CFP Arts) avant de poursuivre une formation supérieure à la Northern School of contemporary dance en Angleterre ainsi qu’au Ballet Junior à Genève. Elle exerce son métier depuis 2021. Margaux Monetti est interprète et médiatrice culturelle. Après un cursus traditionnel au Conservatoire de Perpignan, elle déménage à Genève pour intégrer le Ballet Junior. En 2022, elle a obtenu un Certificat of Advanced Studies en médiation culturelle de la Haute Ecole du Travail Social et de la Santé de Lausanne. Elle exerce depuis 2011.

RP Danses – Genève Pour quelle(s) raison(s) avez-vous choisi de devenir membre des RP Danses-Genève et en quoi cela est-il important pour vous ?
T.M. Une professeure que j’ai rencontrée au CFP Arts et avec qui j’ai travaillé, Elinor Radeff, m’avait vivement conseillé de m’inscrire. À ce moment-là je n’avais pas réellement conscience de l’importance d’une association métier. Je l’ai compris par la suite en entrant dans le monde professionnel. Je me suis rendue compte que j’avais besoin d’informations et de conseils, et aujourd’hui c’est rassurant pour moi de savoir où trouver un appui quand j’ai des questions. L’association agit pour faire évoluer le métier, améliorer et faciliter nos conditions de travail. Son existence est essentielle et c’est donc évident pour moi d'en être membre. 
M.M. De mon côté, tout d’abord pour créer du lien. A ma sortie d’école, il m’a semblé essentiel de me renseigner sur les compagnies, chorégraphes et danseur·euse·s qui étaient en activité dans la région. Ensuite pour m’informer sur les entraînements réguliers des danseur·euse·s, les workshops et auditions. Enfin, pour me sécuriser. En devenant membre des RP danses – Genève, je rejoignais la communauté de danseur·euse·s et chorégraphes de la région. Je savais que si j’avais une question au sujet d’une close d’un contrat, ou plus largement sur la profession de danseuse, je pouvais m’adresser à quelqu’un·e. De plus, l’association travaille à conserver, et améliorer, les droits des métiers chorégraphiques, si précaires. Il est important à mes yeux de soutenir ses actions. Elle fait partie de ma vie de danseuse professionnelle, elle m’accompagn

RP Danses – Genève Quelles-sont, selon vous, les problématiques inhérentes à votre profession ? Constatez-vous une évolution de ces dernières ?
M.M. Notre profession - difficile parce qu'exigeante – demande beaucoup de rigueur et d’organisation. Elle comprend plusieurs problématiques pour moi… celle de l’isolement, de l’invisibilité, du manque de reconnaissance. Elle est aussi précaire, peut-être en lien à ce manque de valorisation ; les salaires sont bas, comparativement au nombre d’années d’études que nous faisons. Aussi, nous devons faire preuve d’adaptation, de flexibilité et parfois faire passer notre vie personnelle au second plan. De plus, malgré que nous soyons toutes et tous dans le même panier, c’est un métier dans lequel tu navigues seul·e ce qui est parfois déstabilisant. D’où l’avantage de faire parti·e d’une asso métier, ça t’encre.
T.M. Je peux rencontrer des difficultés, notamment quand je suis confrontée à l’aspect administratif. Aujourd’hui, on peut trouver des conseils, du soutien ou des outils facilement. Il existe une entraide entre les divers acteurs de tout âge du milieu, c’est encourageant de pouvoir partager nos expériences et de réaliser que nous ne sommes pas isolé.e.s. Tout cela participe a un soulagement mental qui n’est pas négligeable. Vis à vis des comportements abusifs, être danseur.euse.x est une position où l’on est facilement sujet à une vulnérabilité physique, mentale et financière. La parole se libère peu à peu, celle-ci amène à une prise de conscience collective et personnellement, je constate une attention différente.

RP Danses – Genève Qu’est-ce que vous aimez particulièrement dans votre métier ?
M.M. J’aime la sensation de n’ être jamais arrivée, d’ être constamment dans l’exploration, la recherche de nouvelles expériences et sensations (ce qui est d’autant plus vrai puisque le corps change en vieillissant). Je suis profondément intéressée par le corps, la technique et ce qu’il peut dégager. Telle une « geek » devant son ordinateur, je pourrais passer des heures à explorer le mouvement d’un doigt. J’aime également me mettre au service de la pensée créative d’un·e chorégraphe, essayer de saisir son idée, plus ou moins claire, et de la rendre concrète. Lorsque tu es en création, c’est une immersion totale, un voyage artistique que tu fais avec les artistes qui t’entourent. J’aime sentir cette effervescence artistique qui œuvre pour le même projet.
T.M. J’aime être transportée et immergée dans des mondes. C’est comme voyager à travers différentes dimensions. C’est très excitant, ça éveille constamment mon imaginaire comme si tout était possible. J’ai un amour profond pour le mouvement et les sensations. J’aime également la diversité des personnes que je rencontre grâce au métier, échanger et apprendre en permanence. J’ai l’impression d’avoir accès à une ouverture et une infinité de réflexions que je ne pourrais peut-être pas avoir si je faisais un métier plus conventionnel.

Septembre 2023

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RENCONTRE #2 AVEC...




Edouard Hue (E.H.) & Caroline de Cornière (C.C.), membres du comité depuis respectivement 2023 et 2022
Propos recueillis par Anaïs Glérant & Barbara Yvelin, bureau des RP danses - Genève

Le bureau Qu’est-ce qui vous a encouragé à vous engager auprès d’une association métier telle que les RP danses ?
C.C. Comme professionnelle, je suis directement concernée par les conditions de travail et les problématiques du métier. J'ai le désir et l'élan de faire en sorte que s'améliorent nos conditions de travail. Il est nécessaire que les pouvoirs publics et les politiques culturelles puissent compter sur des " experts " pour envisager une consultation active et engagée.
E.H. J’ai réussi à vivre de la danse grâce au travail de nombreuses personnes ayant créé tous les dispositifs actuels. Je me suis engagé auprès des RP danses pour essayer de faire partie de ces personnes qui apportent à l’architecture constitutive du secteur.

Le bureau Quelles sont, selon vous, les thématiques prioritaires que doivent défendre une association métier ?
C.C. La thématique salariale: nos salaires sont hors réalité ! La thématique de la santé au travail de manière structurelle - de la formation à la retraite. La thématique de la maternité / rupture de carrière ( en lien avec la santé au travail). La thématique de l'inclusion - de la formation à la professionnalisation.
E.H. Une association métier doit, à mon sens, défendre les intérêts d'un secteur et permettre de créer / impulser des initiatives pour le faire évoluer.

Le bureau En tant que chorégraphes, à quels enjeux et difficultés faites-vous face aujourd'hui ? Et comment, en tant que membres du comité, comptez-vous vous impliquer pour y répondre ?
C.C. (Compagnie C2C) - Continuer à vivre de mon métier, entièrement ! J'essaie de faire prendre conscience aux pouvoirs publics, via les tables rondes, les échanges et les consultations, de la nécessité de considérer le métier depuis l'intérieur, soit depuis le corps:
- En prenant soin des corps, et des corps vieillissants pour qu'ils puissent continuer à danser et vivre convenablement.
- En créant des conditions de productions autres : travailler local, avec des temporalités plus longues, des modes de productions plus doux et des partenariats (programmation) sur du long terme.
- En favorisant le tressage des générations dans les projets.
E.H. (Beaver Dam Company) - Je ne parlerais pas forcément de difficultés mais plutôt de contexte et d’architectures qui sont à transformer, adapter ou à créer pour permettre une ergonomie de travail plus performante. J’imagine mon implication en amenant l’expérience du terrain dans l’association et trouver des outils qui permettent d’améliorer le travail journalier des acteurs et actrices du milieu.

Mai 2023


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RENCONTRE #1 AVEC...


Barbara Yvelin, secrétaire générale des RP danses - Genève (depuis août 2019)
Propos recueillis par Anaïs Glérant, collaboratrice ponctuelle au bureau des RP danses

A.G. Les RP danses – Genève en deux mots, c'est... ?

B.Y. Des forces vives qui font preuve de générosité, de forces de propositions, d'espoir et de colère aussi parfois [rire], pour aller dans le sens d'une plus grande attractivité de la profession danse en défendant de meilleures conditions de travail et de production notamment. L'association est constituée de professionnel·le·x·s qui s'engagent – un peu ou beaucoup, sur le court ou le plus long terme – selon leur temps, leur énergie et leurs convictions.
Les Rencontres professionnelles de danses – Genève ce sont des rendez-vous collectifs, un accompagnement personnalisé, des faces à faces; des partages et transmissions de savoirs (pôle "formation") ainsi que des échanges et retours d' expériences vécues comme positives ou à améliorer (politique culturelle et sociale).
Les RP danses – Genève, ce sont 15 ans d'histoire qui forment une partie de notre mémoire collective locale, avec ses succès et ses ratés, ses coups de gueule et ses réjouissances.

A.G. Les points forts de ces trois dernières années (2020-21-22) selon toi ?

B.Y. La capacité à nous mobiliser, en plein Covid, avec quelques membres constitués en groupe de travail pour maintenir la Scène danse de la Fête de la musique (éditions 2020 et 2021); l'aptitude – toujours en plein Covid – à prendre à bras le corps les difficultés en lien avec la vague MeToo danse, à questionner nos cadres de travail et ses enjeux sur la santé (formations & ateliers pour compagnies et écoles professionnelles, dépliant de prévention/sensibilisation) ; le cycle de trois rencontres mené à la sortie de la pandémie (relève et durabilité de la profession d'interprète, problématiques liées à la production-diffusion, regards croisés sur les avancées en matière de prévention du harcèlement); la permanence hebdomadaire (118 rdv en 3 ans), et bien sûr les échanges de pratique en danse des lundis matins à l'Impasse ! Sans oublier notre adhésion et participation au lancement de la FRACG – Fédération du Réseau artistique et culturel – Genève* ainsi que notre participation à la récente consultation menée par le Canton sur des questions de politique culturelle.

A.G. Les sujets qui vont occuper l'association ces prochains mois ?
B.Y. Difficile à dire tant l'actualité change rapidement.... mais les questions sociales comme la conciliation entre vie privée/vie professionnelle, notamment par rapport à la parentalité ainsi que les conditions de travail financières (rémunération et subventionnement entre autres) seront au centre de notre attention.

A.G. Le mot de la fin ?
B.Y. Pensée envers mes prédécesseur·euse·x·s pour leur apport dont j'ai bénéficié, mes remerciements à toutes celles et ceux (qui se reconnaîtront) qui ont collaboré avec le bureau ces trois dernières années, ont apporté leurs regards, savoirs et compétences sur des projets ciblés et ponctuels, à celles et ceux qui soutiennent les actions de notre association (membres, partenaires, subventionneurs et fondations privées, etc.) et enfin à ma collègue Marie-Elodie Greco, en charge du pôle formation, avec laquelle j'ai le grand plaisir de travailler depuis plus d'un an maintenant !

* initiée par Action Intermittence, la FRACG facilite la concertation entre ses structures membres adhérentes, cerne les problématiques communes et organisent des délégations auprès des pouvoirs publics.

Avril 2023