Prix Meilleur CFC Danse

Prix Meilleur CFC Danse

Photo ci-dessus: Hakima Sinekli (H.S.), lauréate 2023


Prix d'une valeur de CHF 1'000 CHF

Les Rencontres professionnelles de danses - Genève, l'Association vaudoise de danse contemporaine (AVDC) et Danse Suisse co-décernent chaque année un prix d'une valeur de CHF 1'000.- au meilleur CFC de danse (meilleure moyenne générale) du CFP Arts - Genève (danseur.euse interprète, orientation contemporaine). Une manière pour notre association de soutenir la relève !

Depuis la première volée de diplômés en juin 2014, ce sont neuf prix qui ont été décernés: Hakima Sinekli (2023) Eva Moutet (2022), Enorah Schwaar (2021), Margaux Eckert (2020), Jeremy Huescar (2019), Tamara Savelief (2018), Tilouna Morel (2017), Amandine Villeneuve (2016), Akane Nussbaum (2015), Soraya Emery (2014)


Interview avec...

HAKIMA SINEKLI (H.S.), PRIX du MEILLEUR CFC DANSE 2023


RP Danses
Tu es la lauréate 2023 du prix "Meilleur·e CFC danse – Genève". Comment l'obtention du prix du meilleur·e CFC a-t-il influencé ta vision du métier de danseuse?

H.S.

Recevoir le prix du meilleur·e CFC m'a remplie de gratitude. D'une certaine manière, mon travail a été reconnu, et cela m'a permis de prendre confiance et d'être plus indulgente envers moi-même. Cela m'a également fait prendre conscience des coûts parfois nécessaires (auditions, workshops, stages). Dans mon imaginaire, le métier de danseur·euse était un métier de pauvre, j'entendais souvent autour de moi que c'était un univers précaire, où il fallait serrer constamment la ceinture. Pourtant,les coûts liés à ce métier m'ont beaucoup impressionnée et je me suis davantage rendue compte du privilège dont j'ai pu profiter grâce à ce prix. Je dirais donc que cela m'a rendu·e plus confiante dans mon travail et aussi plus lucide quant aux coûts que peut demander ce métier.


RP Danses  
Quelles sont tes projets en ce moment ?

H.S.
Actuellement, je suis danseuse en free-lance et je travaille sur une nouvelle création intitulée "La Boîte Noire", en co création avec Capucine Seuret. A découvrir le 25octobre 2024 à 20h30 à Neuchâtel.



RP Danses  
Parles-nous de ta découverte de la danse et de ce qui t’as poussé à la pratiquer.

H.S.

Je danse depuis que je suis toute petite. Le matin très tôt, je me levais et allumais la télévision, puis je mettais une chaîne qui diffusait de la musique et je dansais jusqu'à ce que mes parents se réveillent. C'est alors qu'ils m'ont inscrite à mon premier cours de danse, pensant remédier à mes réveils matinaux intempestifs. Je n'ai jamais cessé d'aimer danser depuis.



RP Danses
Une phrase, un conseil, une anecdote qui t’a été particulièrement bénéfique et que tu portes avec toi ?

H.S.

Je pense que pour moi, l'essentiel est de ne jamais oublier pourquoi je me suis mise à danser, pourquoi j'ai voulu en faire mon métier. Durant les années du CFC, je n'avais d'yeux que pour ce qui me manquait et j'étais frustrée de ne pas progresser davantage. Au fil du temps, en travaillant avec d'autres personnes et en rencontrant des artistes passionné·e·s, je me suis rappelée que je dansais avant tout parce que j'aime la danse. J'aime le partage qu'elle crée, les sensations qu'elle nous procure, le bonheur de pouvoir bouger, m'exprimer et toucher les autres. Depuis, j'essaie de cultiver cet amour et d'en faire un vecteur de transmission et d'inspiration.



RP Danses  
Avec quels chorégraphes ou compagnies rêverais-tu de danser ?

H.S.

C'est une question difficile, j'apprécie énormément le travail de certaines compagnies/chorégraphes renommés, comme Komoco, Peeping Tom, Hofesh Shechter, Marcos Morau, Akram Khan, etc. Mais je crois que là où je me situe aujourd'hui, je rêverais davantage de danser avec des personnes que j'apprécie humainement. Je pense que mon rêve, c'est de pouvoir créer, collaborer et danser avec des ami·e·s, des personnes touchantes, valorisant cet amour de la danse et du partage.



RP Danses  
Quels sont, selon toi, les qualités spécifiques que doit avoir un·e interprète danseur·euse aujourd’hui ?

H.S.

Je pense qu'il faudrait être curieux·se, car il y a beaucoup de manières différentes de s'impliquer dans les arts vivants, tellement d'univers et de sensibilités différentes qui ne peuvent que nous nourrir et nous aider à cerner un peu mieux ce qui est important pour soi.


Ensuite, je pense qu'il faudrait être résilient·e, c'est un monde qui peut être très compétitif, usant pour le corps comme pour le mental. Cela demande de constamment puiser dans ses ressources, face aux refus, au manque de travail, à l'organisation que cela peut demander, etc.


J'imagine qu'il faudrait également être passionné·e, j'ai de la peine à imaginer le métier de danseur·euse comme quelque chose que l'on fait par défaut, parce qu'on ne sait pas trop quoi faire en attendant, ou parce que ça rapporte des sous, ou parce que c'est confortable.


Je pense aussi que ce métier demande une certaine rigueur, davantage encore quand on ne dépend plus que de soi. Il faut penser à s'entraîner régulièrement, à prendre soin de son corps pour qu'il perdure, être à l'affût d'occasions et de spectacles qui pourraient être enrichissants, créer un réseau. Tout cela demande une implication personnelle qui peut être compliquée pour certaines personnes, surtout dans les débuts du métier.



RP Danses  
Comment envisages-tu ton implication dans lemonde du travail ?

H.S.

En ce moment, j'ai une approche plutôt curieuse et j'essaie également d'être détachée, de m'y impliquer sans pour autant me sentir dévorée par tout ce qui m'entoure. Chaque expérience avec d'autres artistes me permet de cibler mes intérêts et de comprendre un peu mieux ce que je recherche. J'imagine ça comme une construction de Lego, où au début on assemble beaucoup de pièces de toutes les couleurs et de toutes les formes possibles, jusqu'à ce qu'on comprenne comment stabiliser la chose pour pouvoir en faire une base stable pour un château, ou un bateau, ou une voiture. Je pense que je suis en pleine phase de recherche de stabilité, en essayant d'assembler plein de pièces qui stimulent ma curiosité et mes intérêts.



RP Danses  
Et si tun’avais pas été danseuse, qu’aurais-tu fait ?

H.S.

Probablement quelquechose comme horticultrice.



RP Danses  
Comment teressources-tu lorsque tu es fatiguée ou peinée ?

H.S.

Souvent, j'appelle mes ami.e.s et cherche à les voir. Puis, je me réfugie dans la musique et le sport. Mais j'adore particulièrement ce moment où je me réveille, je mets la musique à fond et je danse et chante jusqu'à l'épuisement, et je recommence jusqu'à que ça aille mieux. C'est très efficace.



RP Danses  
En tantque jeune diplômée, qu’attends-tu d’une association professionnelle en danse ?

H.S.

Quelle puisse être une ressource et un soutient dans le monde professionnel. Beaucoup de chose sont à apprendre sur le tas. Finalement, si je parle de mon cas, je ne savais pas grand-chose de ce que voulait concrètement dire être professionnelle. Les questions organisationnelles, comment faire une demande de fonds, qu'est-ce que ça signifie que d'être payée correctement, quels sont mes droits dans tel situation ou l’autre, pleins de questions finalement tellement importantes ! Je trouve important qu'il y ait une association qui puissent répondre à ces questions, accompagner le ou la danseuse dans cet apprentissage.


Je pense également, surtout en ces temps, que j'attendrais d'elle un soutient contre le mobbing, les harcèlements sexuels, et les mauvaises conditions de travail auxquels on est parfois, voir souvent, confronté.



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